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TROISIÈME PARTIE
BALBIANINO





I


Pendant le reste de la traversée, c’est-à-dire la journée entière, les deux sœurs ne prononcèrent plus un mot. Elles songeaient chacune de leur côté : leurs pensées se rencontraient sur le même objet, mais elles se rencontraient en se heurtant. La nuit était bien près de tomber, lorsqu’elles aperçurent enfin la masse bizarre des bâtiments de Balbianino. Malgré plusieurs repos indispensables, Stefano était épuisé. Seul pour conduire une barque, accoutumé aux légères gondoles, son attachement pour ses maîtres pouvait seul lui donner des forces. La journée s’était passée sans le moindre incident, toujours dans la solitude ; l’effroi régnait partout et tenait chacun enfermé. La marchesa, sans doute, guettait depuis longtemps ses hôtes. Elle les attendait à la grille ouverte, du côté de l’escalier sombre, et leur recommanda de faire le moins de bruit