Page:Dash - Un amour coupable.djvu/29

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quel je causais tout à l’heure, assure qu’il exécute un certain pas espagnol mieux que tous les dious de toutes les générations. C’est un des plus beaux et des plus remarquables jeunes gens des quatre compagnies.

— Vraiment ? reprit la reine, j’ai envie de vous en donner le plaisir. Demandez-lui, monsieur de Vaudreuil, s’il ne me le refusera pas.

Un instant après, le comte apportait à la reine les remerciments du jeune militaire et l'assurance de sa soumission. Il s'entendit avec l'orchestre, on fit cercle autour de lui, il tira des castagnettes de la poche de son habit de majo, puis il commença. La cour, accoutumée aux danses graves, terre à terre, sérieuses, ne comprit pas d’abord cette débauche de pas et d’attitudes. Le fandango et la cachucha ne ressemblaient guère au menuet ou à l’a révérence. Mais, après les premières mesures, le charme, la grâce exquise, les mouvements ravissants et voluptueux du danseur attirèrent toutes les attentions, captivèrent tous les suffrages. La reine l’applaudit, le loua, lui demanda trois fois de recommencer et se le fit présenter à la fin par M. le prince de Conti, qu’on assurait être son protecteur.

— Comment vous nommez-vous, monsieur ? lui dit-elle.

— Armand de Nareil, madame.

— Vous êtes depuis longtemps dans les gardes-du-