Page:Dash - Un amour coupable.djvu/31

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blement en arrière, jusqu'à ce qu'il se perdit dans la foule des courtisans. La duchesse de Vaujour était placée très-près de Marie-Antoinette ; elle avait tout entendu, tout vu. Un intérêt inexplicable l'attachait à cette présentation, si semblable d’abord à toutes celles qu’elle avait vues.

L’embarras d’Armand l’intéressa : elle comprit qu’il devait être malheureux, et ce mouvement involontaire des bons cœurs pour ceux qui souffrent l’attira vers lui. Elle le suivit des yeux, elle le vit s’appuyer près d’une colonne, relever un peu son masque pour respirer. Car, chose étrange et à laquelle personne n'avait songé dans le moment, il parut masqué devant la reine de France. Il revint ensuite examiner attentivement les femmes assises, les unes après les autres, et s’approchant d’Amaranthe, il lui demanda sa main pour un menuet ou pour une contredanse. Son premier mouvement fut d’accepter, sens réflexion. Elle n’avait pas dansé de la soirée : elle aimait peu la danse. Quand la reine les vit partir ensemble, elle interrompit un instant sa conversation avec M. le prince de Conti et dit, en se retournant vers eux :

— Mon cousin, votre protégé n'a pas mal choisi sa danseuse, je vous en réponds.

Amaranthe rougit sans savoir pourquoi. Son cavalier fit ses saluts de manière à satisfaire le goût le plus difficile. Il présenta la main comme personne, et