Page:Dash - Un amour coupable.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pour entendre ce que je vais dire, mon mari doit être libre et debout. Je vais trahir un secret confié par la mort, je vais manquer au plus solennel des serments ; si je fais mal, que le châtiment retombe sur moi seule. Il faut que tous les mystères cessent entre nous quatre, qui nous appartenons de si près, puisque je ne puis empêcher un sacrilège que par cette révélation terrible. Armand, si je vous ai aimé, si je vous aime en dépit de tout, en dépit de vos fautes, de vos crimes même, en dépit de vos persécutions et de vos infamies, c’est que ma mère fut votre mère, c’est que vous êtes mon frère, entendez-vous ?

— Mon Dieu ! s’écria Aurore en s’élançant vers la comtesse, et le mien aussi, apparemment ?

— Et le vôtre aussi. Aurore ; voilà pourquoi je vous ai arrachée à son amour.

La pauvre enfant n’en entendit pas davantage : elle tomba raide aux pieds de sa sœur. Madame Dandolo la releva, l’appuya sur ses genoux, avec la sollicitude d’une mère. Armand restait immobile, la tête basse, les bras attachés au corps, pendant que le comte secondait sa femme et transportait mademoiselle de Sainte-Même dans son appartement. En les voyant partir, le jeune homme sortit de sa léthargie et les suivit en leur disant, avec la brusquerie d’une grande douleur :

— Laissez cette enfant au chirurgien et donnez-moi