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Page:Dash - Un amour coupable.djvu/321

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J’obéis ; je vis M. le prince de Conti : il m’avoua tout. J’acquis une certitude, et dès lors je ne m’occupai que de vous.

Lorsqu’à mon retour j’appris l’amour d’Aurore, je crus devoir invoquer l’autorité de mon père pour empêcher un crime. Je lui dis votre naissance obscure, votre position, votre caractère, ce qu’il fallait qu’il connût. Il défendit à sa fille de vous aimer, sous peine de sa malédiction. Vous savez le reste.

« Voilà ce que j’avais à vous apprendre, ce que j’avais juré de cacher à la terre entière. Ma mère ne détruisit point les fatales lettres échangées, après le crime, entre son cousin et elle. Une voix secrète lui disait que vous existiez encore ; elle risqua de se compromettre pour vous conserver les preuves de votre naissance et des droits à la protection de celui qui vous avait mis au monde.

— Et comment mourut mon père ? demanda Armand avec une profonde ironie, sur quelque échafaud ou à quelque gibet de grand chemin ?

— Votre père mourut en duel, tué par un mari dont il avait séduit la femme. Mon père s’y montra insensible ; mais ma mère n’a pas passé un jour sans le pleurer et sans prier pour lui. C’était une sainte, Armand !

— Comme vous, ma…

Il se leva vivement et s’enfonça sous les arbres.