Page:Dash - Un amour coupable.djvu/336

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chaque bruit renaissant, qui n’était pas celui qu’elle attendait. Elle se coucha, à moitié, sur un un divan de brocatelle verte, sa tête appuyée sur sa main. À la voir ainsi, belle, pâle, les cheveux en désordre et les yeux humides, levés vers le ciel, on l’eut prise pour la muse de la poésie s’inspirant d’une douleur céleste. Elle se prit à pleurer comme un enfant, en plongeant dans le monde de ses souvenirs, et en évoquant les plus ravissantes apparitions.

— Mon Dieu ! dit-elle, hier et demain sont-ils donc séparés par un immense abîme ? Hier, il m’aimait… aujourd’hui, il me trahit !… insensée !… croire… aimer… tout ceci est donc une amère dérision ? Quoi ! tandis qu’il m’écrivait ces pages brûlantes, il songeait à ce billet de cette femme à Fontenay ! il pouvait séparer son cœur en deux parts plus ou moins égales : l’une pour le présent dont il faisait du passé, l’autre pour l’avenir ! il pouvait me tromper si cruellement, pour tant d’amour ! de l’oubli même de mes