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DEUXIÈME PARTIE
VENISE





I


Le carnaval de Venise est célèbre dans toute l’Europe ; il l’était surtout avant la révolution, car alors, quoi qu’on en dise, les esprits plus tranquilles, les fortunes plus assurées laissaient plus de loisirs pour s’amuser. Aujourd’hui, la vie est sérieuse, ennuyeuse souvent : à vingt ans, on fait des affaires, au lieu de songer aux amours ; la rêverie, le vague, le charme des premières impressions ont été supprimés. Ces messieurs ont des maîtresses, mais ils n’ont plus de dames ; c’était bon pour leurs pères ! Eux, infiniment plus complets, ne peuvent descendre à ces niaiseries. Ne vaut-il pas mieux aller à la parlotte, à la Bourse, au club ? À quoi servent les femmes aujourd’hui ? à distraire leurs maîtres par quelques propos légers, ou bien à flatter l’amour-propre du propriétaire. Il place son argent sur elles à intérêt de vanité : ce n’est pas