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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

mais les premiers suppléent visiblement à l’insuffisance de leur nombre par des arguments nouveaux contre les franchises des femmes. Un des plus récents est le danger que cette nouvelle excitation à la politique aura sur leur santé ; nos antagonistes, soudainement préoccupés des malheurs d’un mouvement semblable, expriment une très-vive anxiété.

Quelle est la justesse de cette assertion ? Si les femmes avaient vécu dans un isolement assez complet pour n’avoir jamais entendu prononcer le mot politique, pour ne pas connaître le sens du mot élection, nos adversaires pourraient, avec quelque apparence de justice, leur opposer cette fin de non-recevoir, qui, en réalité, est entièrement fausse. Des femmes, parentes ou amies de candidats, et beaucoup d’autres, ont souvent pris un très-grand intérêt. personnel aux élections, et je n’ai jamais entendu parler d’aucun résultat nuisible.

Les femmes électeurs s’intéresseront vivement sans doute à l’élection du candidat qui devra les représenter et cette excitation ne sera probablement pas plus grande parce qu’elle est moins personnelle… Inutile de dire que les excitations de la politique sont plus saines que celles de la vie sociale et élégante, car il est superflu de comparer l’activité salutaire qui résulte de l’étude et de l’investigation des questions politiques et sociales, commune aux femmes et aux hommes, avec les agitations et les dissipations énervantes de la vie fashionable. L’étude de la politique demande une certaine concentration de pensée, sans doute beaucoup plus propre à fortifier et à élever l’esprit, à développer le cœur, que la lecture des nouvelles à sensation, honte du xixe siècle, qui ne servent qu’à flatter l’excitation d’un appétit morbide et à remplir les heures vides du monde élégant. Quelques-uns de nos adversaires éclairés ont chaudement soutenu que la politique, devenant une branche d’éducation dans les écoles de filles et les colléges, il est aussi essentiel pour les femmes que pour les hommes de connaître les lois de leur pays et aussi désirable de leur voir prendre intérêt aux questions sociales et politiques du jour ; mais lorsqu’elles auront