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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME



DEUXIÈME LIVRAISON


LE PROJET DE LOI SUR LA PRESSE.


N’est-il pas fâcheux qu’au moment où une éruption si terrible du volcan populaire appelle la discussion la plus libre, la plus étendue et la plus franche des droits du prolétariat, le cautionnement fasse au capital un privilége de la propriété des idées par la presse quotidienne ?

N’est-il pas regrettable, lorsque tant de jouissances superflues et malsaines sont affranchies d’impôts, de voir le pain de l’esprit frappé du timbre, et les publications propres à tirer le peuple souverain d’une ignorance parfois meurtrière, éloignées ainsi de sa portée par cette amende fiscale[1] ?

Ces restrictions semblent incompatibles avec la démocratie qui résulte du suffrage de tous, et avec l’éducation politique qui devrait en être la conséquence logique.

Mais la loi projetée est funeste surtout parce qu’elle détruit la liberté dans son essence même, en revenant aux traditions corrompues de nos monarchies, qui abritaient

  1. Invitons donc les Anglais qui, en laissant toutes les idées aussi libres que l’air, prélèvent des sommes énormes sur le timbre des factures de commerce, et les Américains qui ont fait face aux exigences de leur situation financière sans avoir, que je sache, imposé les journaux.