Aller au contenu

Page:Daubié - L'émancipation de la femme, 1871.pdf/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME



PREMIÈRE LIVRAISON


LA FEMME ET LE JOURNALISME.


Lorsque l’Empire, après avoir usé le régime discrétionnaire, accorda le régime légal à la presse, il permit à tout Français jouissant de ses droits civils et politiques, de publier un journal et d’y signer des articles.

Évidemment le législateur, souvent distrait, et même beaucoup trop distrait à notre endroit, n’avait pas songé que les femmes sont des Français qui, jouissant de leurs droits civils aujourd’hui, jouiront de leurs droits politiques demain, si elles les prennent. Aussi durent-elles dire à leurs maîtres oublieux : « Nous écrivons ostensiblement dans les journaux, donc nous avons le droit de les publier nous-mêmes, sinon vous devez nous retirer celui d’y faire paraître notre signature. »

L’Empire, qui était aussi fort en dilemme qu’en libéralisme, nous répondit à la fois par oui, par non et par peut-être ; en nous conservant notre liberté classique de prendre la parole dans le journal, il consentit ainsi en bon prince à nous reconnaître, sous ce rapport, comme Français jouissant de leurs droits civils et politiques. Mais, notre droit de propriété dans le domaine de la presse lui paraissant litigieux, il déclara que des jugements de cour nous y rendraient blanches ou noires, selon nos mérites ou nos démérites.

Devant, ces décisions ambiguës, ce privilége, cet ar-