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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

qu’au sein d’un peuple libre, il nous rachète de notre ilotisme séculaire.

En heureux présage, constatons la première étape qu’ouvre dans la voie du progrès le régime actuel de la presse. Quoique nous n’ayons pas, pour la revendication de nos droits, la rude poigne de Jacques Bonhomme, confiants dans la justice de l’avenir, travaillons de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces à l’émancipation de Jacqueline Bonnefemme, si nous ne voulons pas voir la nation avilie s’asservir de plus en plus avec cette survivante attardée de la glèbe.



NOTRE PROGRAMME.


À une époque où tout est confondu, notre belle langue française devait se vautrer, elle aussi, dans la fange de nos mœurs et y perdre ses principes les plus élémentaires. Puisque les mots mêmes ont besoin d’être réhabilités, commençons par dire que nous donnerons exclusivement au mot émancipation son sens grammatical d’égalité pour tous et pour toutes.

S’il ne nous a pas encore été permis d’apprendre la langue des maîtres dans nos savantes écoles, nous pouvons du moins, en restituant aux mots leur sens primitif, nous donner le mérite plus modeste de dire avec Martine :

Mon Dieu ! Je n’avons pas étugué comme vous,
Et je parlons tout droit comme on parle cheux nous.

Ajoutons toutefois que l’émancipation politique semble inséparable de l’émancipation civile dans toute démocratie.