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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

elles un sentiment plus vif de leurs devoirs spéciaux de citoyens, et de leur responsabilité générale en ce qui concerne le progrès et les intérêts moraux les plus élevés de la société entière. »

Je suis ici comme un glaneur dans un champ moissonné avec tous les progrès des machines modernes et il me reste peu d’épis à recueillir ; je demande pourtant à dire quelques mots sur l’avantage que notre association poursuit d’abord relativement aux femmes en particulier, et ensuite à la société tout entière.

Le droit de suffrage accroîtra le sentiment de responsabilité de la femme, étendra le cercle de ses intérêts, et lui donnera un accroissement de vigueur pour le développement de ses facultés. Depuis quelque temps, il est vrai, on laisse plus d’initiative à l’énergie des femmes et on leur permet de prendre une part plus grande aux questions sociales ; mais néanmoins, combien y a-t-il de femmes, avec des cœurs généreux, de bonnes dispositions naturelles, du loisir, et souvent de la fortune et de l’influence, dont la vie est remplie par un cercle étroit de prétendus devoirs sérieux et d’intérêts vulgaires ! Quel avantage pour chacune d’être mise en contact avec les besoins réels et pressants qui l’entourent ; d’être habituée à sentir qu’elle doit accepter sa part de responsabilité à l’égard des vices criants qui règnent dans l’Angleterre chrétienne. Je sais qu’on trouve un beau sujet d’argument à demander si les franchises des femmes sont le meilleur moyen d’accroître leur intérêt pour le progrès social ; mais tous, je pense, reconnaîtront que s’il en était ainsi l’avantage serait grand ; nous qui sommes associés dans ce but, nous pensons que les franchises seraient au moins un pas important dans la bonne voie. On peut affirmer que les œuvres de charité donnent un emploi suffisant aux loisirs des femmes ; mais, dans l’exercice de la bienfaisance, il ne suffit pas seulement de donner de l’argent ; l’aumône ne fait que perpétuer le mal qu’elle s’efforce de soulager ; il faut aussi des projets réels et réfléchis pour aider les pauvres à s’aider eux-mêmes ; là surtout se montrerait le bienfait d’une