Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/262

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chant qu’elle entrerait, qu’elle allait entrer comme en témoignaient les petites cartes de différentes couleurs, éclatantes dans l’averse, dont chacun était muni. Le plus régulièrement aussi, les voitures prenaient la file sur le quai désert de la Monnaie, tout ce que Paris contient de luxueux équipages, — livrées coquettes ou splendides, démocratiquement abritées de parapluies et d’imperméables, — laissant voir les perruques à marteaux, la dorure des galons, et, sur les panneaux alignés, les armoiries, les grands blasons de France et d’Europe, même des devises royales, comme les planches d’un d’Hozier mouvant et gigantesque en étalage au long de la Seine. Quand un rayon glissait, une échappée de ce soleil parisien qui a la grâce du sourire sur un sérieux visage, tout s’éclairait en reflets de luisants mouillés, les harnais, les casquettes des gardes, la lanterne du dôme, les lions de fonte de l’entrée, d’habitude poussiéreux et ternes, redevenus d’un beau noir lavé.

De loin en loin, aux jours de réceptions solennelles, le vieil Institut a de ces subits et intéressants réveils d’une après-midi. Mais, ce matin là, il ne s’agissait pas de réception. La saison était bien trop avancée ; et les récipiendaires, coquets comme des comédiens, ne consentiraient jamais à débuter, le prix de Paris déjà couru, le Salon fermé, les malles faites