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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/327

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LES ROIS EN EXIL

vaises chances de la guerre, en même temps qu’une précaution contre les curiosités de la police française. Si le duc ne pouvait accompagner les volontaires, il se consolait en songeant que son fils Herbert serait de l’affaire et ses écus aussi, car Leurs Majestés avaient bien voulu lui permettre de se charger des frais de l’expédition. Sur son lit, mêlées à des cartes d’état-major, à des plans stratégiques, traînaient des notes de fournitures, caisses de fusils, chaussures, couvertures, vivres de campagne, qu’il vérifiait soigneusement avec de terribles froncements de moustaches, l’héroïque grimace du royaliste luttant contre ses instincts parcimonieux et fouisseurs. Parfois un chiffre, un renseignement lui manquait ; alors il faisait monter Herbert, — un prétexte pour garder quelques minutes, là, dans ses courtines, ce grand fils qui le quitterait demain pour la première fois, qu’il ne reverrait plus jamais peut-être, et pour lequel il éprouvait une immense tendresse mal dissimulée sous un abord et des silences majestueux. Mais le prince ne tenait pas en place, pressé de redescendre faire les honneurs de l’hôtel, et surtout ne voulant rien perdre des heures courtes qu’il avait encore à passer près de sa chère Colette.

Debout avec lui dans le premier salon, elle l’aidait à recevoir les invités de son père, plus