Page:Daudet - Au bord des terrasses, 1906.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
PROMENADE

On traverse un village. Au bord de ses caveaux
S’érigent des maisons, des toits, des cheminées
Arrivant jusqu’au sol fleuri de graminées ;
L’église y tient par une voûte, et le clocher
Est du même granit bleui que le rocher.
Un rideau s’est levé, juste à notre passage,
Une coiffe en l’écart apparaît blanche et sage,
Et tenant du village, encor plus du couvent,
Se dérobe, et reprend sa place sous l’auvent.
Que d’enfants ! presque autant que d’oiseaux sur la route
Qu’ils traversent avec de grands cris de déroute,
Comme font, au déclin du jour, les martinets !

Des arbres maintenant surgissent des guérets ;
Chênes et châtaigniers éventrés par l’orage
Centenaires et dont l’écorce indique l’âge ;
Puis nous entrons dans les grands bois profonds et sourds
Et roulons sur la mousse étalée en velours…
Bourdonnements nombreux dans l’ombre et le silence,
En flot aérien qui tombe et recommence,