Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/110

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sus un grand ciel de satin bleu, oh ! mais si bleu !…

L’illustre Tartarin, un peu remis de sa frayeur, regardait le paysage, en écoutant avec respect le prince monténégrin, qui, debout à ses côtés, lui nommait les différents quartiers de la ville, la Casbah, la ville haute, la rue Bab-Azoun. Très bien élevé, ce prince monténégrin ; de plus, connaissant à fond l’Algérie et parlant l’arabe couramment. Aussi Tartarin se proposait-il de cultiver sa connaissance… Tout à coup le long du bastingage contre lequel ils étaient appuyés, le Tarasconnais aperçoit une rangée de grosses mains noires qui se cramponnaient par dehors. Presque aussitôt une tête de nègre toute crépue apparaît devant lui, et, avant qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche, le pont se trouve envahi de tous côtés par une centaine de forbans, noirs,