Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/124

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foin traînées par des bœufs, des escadrons de chasseurs d’Afrique, des troupeaux de petits ânes microscopiques, des négresses qui vendaient des galettes, des voitures d’Alsaciens émigrants, des spahis en manteaux rouges, tout cela défilant dans un tourbillon de poussière, au milieu des cris, des chants, des trompettes, entre deux haies de méchantes baraques où l’on voyait de grandes Mahonnaises se peignant devant leurs portes, des cabarets pleins de soldats, des boutiques de bouchers, d’équarrisseurs…

— Qu’est-ce qu’ils me chantent donc avec leur Orient ? pensait le grand Tartarin ; il n’y a pas même tant de Teurs qu’à Marseille.

Tout à coup, il vit passer près de lui, allongeant ses grandes jambes et rengorgé comme un dindon, un superbe chameau. Cela lui fit battre le cœur.