Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tarascon et aux peaux promises… Mais cela ne durait pas, et pour chasser ses tristes idées il suffisait d’un regard de Baïa ou d’une cuillerée de ces diaboliques confitures odorantes et troublantes comme les breuvages de Circé.

Le soir, le prince Grégory venait parler un peu du Monténégro libre… D’une complaisance infatigable, cet aimable seigneur remplissait dans la maison les fonctions d’interprète, au besoin même celles d’intendant, et tout cela pour rien, pour le plaisir… À part lui, Tartarin ne recevait que des Teurs. Tous ces forbans à têtes farouches, qui naguère lui faisaient tant de peur du fond de leurs noires échoppes, se trouvèrent être, une fois qu’il les connut, de bons commerçants inoffensifs, des brodeurs, des marchands d’épices, des tourneurs de tuyaux de pipes, tous gens bien élevés, humbles,