Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/212

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monde sébile d’entre ses royales mâchoires… Les deux nègres, croyant avoir affaire à un voleur, se précipitèrent sur le Tarasconnais, la matraque haute… Ce fut une terrible bousculade… Les nègres tapaient, les femmes piaillaient, les enfants riaient. Un vieux cordonnier juif criait du fond de sa boutique : « Au zouge de paix ! Au zouge de paix ! » Le lion lui-même, dans sa nuit, essaya d’un rugissement, et le malheureux Tartarin, après une lutte désespérée, roula par terre au milieu des gros sous et des balayures.

À ce moment, un homme fendit la foule, écarta les nègres d’un mot, les femmes et les enfants d’un geste, releva Tartarin, le brossa, le secoua, et l’assit tout essoufflé sur une borne.

— Comment ! préïnce, c’est vous… fit le bon Tartarin, en se frottant les côtes.

— Hé ! oui, mon vaillant ami, c’est moi…