Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/247

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le prit en grippe et ne songea plus qu’à s’en débarrasser ; mais l’animal tenait bon… Tartarin essaya de le perdre, le chameau le retrouva ; il essaya de courir, le chameau courut plus vite… Il lui criait : « Va-t’en ! » en lui jetant des pierres. Le chameau s’arrêtait et le regardait d’un air triste, puis, au bout d’un moment, il se remettait en route et finissait toujours par le rattraper. Tartarin dut se résigner…

Pourtant, lorsque, après huit grands jours de marche, le Tarasconnais poudreux, harassé, vit de loin étinceler dans la verdure les premières terrasses blanches d’Alger ; lorsqu’il se trouva aux portes de la ville, sur l’avenue bruyante de Mustapha, au milieu des zouaves, des biskris, des Mahonnaises, tous grouillant autour de lui et le regardant défiler avec son chameau, pour le coup la patience lui échappa : « Non ! non ! dit-il, ce