Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/256

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tarin s’en affubla, et passa gravement sur la terrasse du minaret.

La mer luisait au loin. Les toits blancs étincelaient au clair de lune. On entendait dans la brise marine quelques guitares attardées… Le muezzin de Tarascon se recueillit un moment, puis, levant les bras, il commença à psalmodier d’une voix suraiguë :

La Allah il Allah… Mahomet est un vieux farceur… L’Orient, le Coran, les bachagas, les lions, les Mauresques, tout ça ne vaut pas un viédaze !… Il n’y a plus de Teurs. Il n’y a que des carotteurs… Vive Tarascon !…

Et pendant qu’en un jargon bizarre, mêlé d’arabe et de provençal, l’illustre Tartarin jetait aux quatre coins de l’horizon, sur la mer, sur la ville, sur la plaine, sur la montagne, sa joyeuse malédiction taras-