Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rhône s’inclinaient pleins de respect, et se montrant du coin de l’œil les biceps gigantesques qui roulaient sur ses bras, ils se disaient tout bas les uns aux autres avec admiration :

« C’est celui-là qui est fort !… Il a doubles muscles ! »

Doubles muscles !

Il n’y a qu’à Tarascon qu’on entend de ces choses-là !

Et pourtant, en dépit de tout, avec ses nombreux talents, ses doubles muscles, la faveur populaire et l’estime si précieuse du brave commandant Bravida, ancien capitaine d’habillement, Tartarin n’était pas heureux ; cette vie de petite ville lui pesait, l’étouffait. Le grand homme de Tarascon s’ennuyait à Tarascon. Le fait est que pour une nature héroïque comme la sienne, pour une âme