Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/77

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qui ne pouvaient pas tirer un coup de fusil sans fermer les yeux, ceux-là surtout étaient impitoyables. Au cercle, sur l’esplanade, ils abordaient le pauvre Tartarin avec de petits airs goguenards.

– Et autremain pour quand ce voyage ?

Dans la boutique Costecalde, son opinion ne faisait plus foi. Les chasseurs de casquettes reniaient leur chef !

Puis les épigrammes s’en mêlèrent. Le président Ladevèze, qui faisait volontiers en ses heures de loisir deux doigts de cour à la muse provençale, composa dans la langue du cru une chanson qui eut beaucoup de succès. Il était question d’un certain grand chasseur appelé Maître Gervais, dont le fusil redoutable devait exterminer jusqu’au dernier tous les lions d’Afrique. Par malheur, ce diable de fusil était de complexion singu-