Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tranquille et doux comme Socrate au moment de boire la ciguë, l’intrépide Tarasconnais avait un mot pour chacun, un sourire pour tout le monde. Il parlait simplement, d’un air affable ; on aurait dit qu’avant de partir, il voulait laisser derrière lui comme une traînée de charme, de regrets, de bons souvenirs. D’entendre leur chef parler ainsi, tous les chasseurs de casquettes avaient des larmes, quelques-uns même des remords, comme le président Ladevèze et le pharmacien Bézuquet.

Des hommes d’équipe pleuraient dans des coins. Dehors, le peuple regardait à travers les grilles, et criait : « Vive Tartarin ! »

Enfin la cloche sonna. Un roulement sourd, un sifflet déchirant ébranla les voûtes… En voiture ! en voiture !

— Adieu, Tartarin !… adieu, Tartarin !…