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LE PRUSSIEN DE BÉLISAIRE



Voici quelque chose que j’ai entendu raconter cette semaine, dans un cabaret de Montmartre. Il me faudrait, pour bien vous dire cela, le vocabulaire faubourien de maître Bélisaire, son grand tablier de menuisier, et deux ou trois coups de ce joli vin blanc de Montmartre, capable de donner l’accent de Paris, même à un Marseillais. Je serais sûr alors de vous faire passer dans les veines le frisson que j’ai eu en écoutant Bélisaire raconter, sur une table de compagnons, cette lugubre et véridique histoire :

« … C’était le lendemain de l’amnistie (Bélisaire voulait dire l’armistice). Ma femme nous avait envoyés, nous deux l’enfant, faire un tour du côté de Villeneuve-la-Garenne, rapport