Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/130

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camp. Les chevaux vont au pas ; les hommes causent, les voix sonnent. On entend celle de l’aide de camp, voix jeune, un peu obséquieuse :

« Oui, mon général… Oh ! non, mon général… Sans doute, mon général. »

Et le général, d’un ton doux et navré :

« Comment ! il a été tué ! Oh ! le pauvre enfant… le pauvre enfant !… »

Puis un silence et le piétinement des chevaux dans la terre grasse…

Je reste seul un moment à regarder ce grand paysage mélancolique, qui a quelque chose des plaines du Chélif ou de la Mitidja. Des files de brancardiers en blouses grises montent d’un chemin creux, avec leur drapeau blanc à croix rouge. On peut se croire en Palestine, au temps des croisades.

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