Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/135

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foule en bégayant, au milieu des rires et des huées. Dans un coin de la place, un bataillon s’ébranle pour monter aux remparts :

« En avant ! » crient les officiers en agitant leurs sabres. Les tambours battent la charge, et les bons miliciens, enflammés d’ardeur, s’élancent à l’assaut d’une longue rue déserte, au bout de laquelle on voit quelques poules qui s’effarent en criant.

… Tout en haut, dans une échappée de jardins verts et de pentes jaunâtres, c’est le moulin de la Galette transformé en poste militaire, des silhouettes de gardes nationaux, des tentes alignées, de petits bivouacs qui fument, tout cela se détachant net et fin, comme au fond d’une longue-vue, entre un ciel pluvieux et noir et l’ocre étincelant de la butte.


AU FAUBOURG SAINT-ANTOINE


Une nuit de janvier, pendant le siège de Paris, j’étais sur la place de Nanterre, au milieu d’un bataillon de francs-tireurs. L’ennemi venait d’attaquer nos grand’gardes et l’on s’armait en hâte pour aller à leur secours. Pendant que les hommes se numérotaient à