Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/171

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mieux dans la suite. Et pour rétablir la bonne humeur du caissier, il lui donna une gratification extraordinaire de mille francs au lieu de cinq cents que donnait autrefois son oncle. Tout le monde se ressentit de cette disposition généreuse et, dans le contentement universel, le résultat déplorable des comptes de fin d’année fut vite oublié. Quant à Risler, c’est Georges qui voulut se charger de le mettre au courant de la situation.

Quand il entra dans le petit cabinet de son associé, éclairé d’en haut par un jour d’atelier qui tombait d’aplomb sur la méditation de l’inventeur, Fromont jeune eut un moment d’hésitation, la honte et le remords de ce qu’il venait faire. L’autre, au bruit de la porte, s’était retourné joyeusement.

– Chorche, Chorche, mon ami… Je la tiens, notre imprimeuse… Il y a encore quelques petites choses à trouver… C’est égal ! maintenant je suis sûr de mon affaire… Vous verrez ça… vous verrez ça… Ah ! les Prochasson auront beau s’escrimer… Avec l’imprimeuse Risler, nous enfonçons toutes les concurrences…

– Bravo, mon camarade, répondit Fromont jeune. Voilà pour l’avenir ; mais le présent, vous n’y songez pas. Et cet inventaire !…

– Tiens ! c’est vrai. Je n’y pensais plus… Ce n’est pas brillant, n’est-ce-pas ?

Il disait cela devant la physionomie de Georges un peu ému, embarrassé.

Celui-ci reprit : « Mais si, très brillant au contraire.