Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/224

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– Il fait beau aujourd’hui.

– Oh ! bien beau.

– Notre bouquet sent toujours bon.

– Oh ! bien bon…

Et rien que pour prononcer ces mots si simples, leurs voix étaient émues de ce qui allait se dire tout à l’heure. Enfin la petite chaise basse se rapprocha encore un peu plus du grand fauteuil ; et croisant leurs regards, les mains entrelacées, les deux enfants s’appelèrent tout bas, lentement, par leur nom :

– Désirée.

– Frantz.

À ce moment, on frappa à la porte. C’était le petit coup discret d’une main finement gantée qui craint de se salir au moindre contact.

– Entrez !… dit Désirée avec un léger mouvement d’impatience ; et Sidonie parut, belle, coquette et bonne. Elle venait voir sa petite Zizi, l’embrasser en passant. Depuis si longtemps elle en avait envie.

La présence de Frantz sembla l’étonner beaucoup, et toute à la joie de causer avec son ancienne amie, elle le regarda à peine. Après des effusions, des caresses, de bonnes causeries du temps passé, elle voulut revoir la fenêtre du palier, le logement des Risler. Cela l’amusait de revivre ainsi toute sa jeunesse.

– Vous rappelez-vous, Frantz, quand la princesse Colibri entrait dans votre chambre, sa petite tête bien droite sous un diadème en plumes d’oiseaux ?

Frantz ne répondait pas. Il était trop ému pour répondre.