Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/64

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deux, viendront plus souvent. Puis tu seras là, toi… Car tu vas me répondre tout de suite que tu arrives près de nous, n’est-ce pas ? M. Risler disait dernièrement que tu étais souffrante. L’air de Savigny te fera grand bien.

« Ici tout le monde t’attend. Et moi je ne vis plus d’impatience.

« CLAIRE. »

Sa lettre écrite, Claire Fromont mit un grand chapeau de paille, car ces premiers jours d’août étaient chauds et splendides, et descendit elle-même la jeter dans la petite boîte où le facteur prenait tous les matins en passant le courrier du château.

C’était au bout du parc, à un coin de route Elle s’arrêta une minute à regarder les arbres du chemin, les prés environnants, endormis et pleins de soleil. Là-bas des moissonneurs rentraient les dernières gerbes. On labourait un peu plus loin. Mais toute la mélancolie du travail silencieux avait disparu pour la jeune fille épanouie de la joie de revoir son amie. Aucun souffle ne s’éleva des hautes collines de l’horizon, aucune voix ne vint de la cime des arbres pour l’avertir par un pressentiment, l’empêcher d’envoyer cette fatale lettre. Et tout de suite en rentrant elle s’occupa de faire préparer à Sidonie une jolie chambre à côté de la sienne.

La lettre fit son chemin fidèlement. De la petite porte verte du château entourée de glycines et de chèvrefeuilles, elle s’en vint à Paris et arriva le soir même,