se morfondre dans des rôles secondaires. Et pourquoi ? Parce qu’on connaissait ses opinions socialistes, parce qu’on savait qu’il avait été ouvrier, qu’il sortait du peuple et qu’il l’aimait.
— Eh bien, oui, j’aime le peuple, disait le chanteur s’animant et tapant de ses gros poings sur la table. Et puis, après ? Qu’est-ce que ça peut leur faire ? Ça m’empêche-t-il d’avoir ma note ? Et je crois qu’elle y est, hein ?… Écoutez-moi ça, mes enfants. » Et il la tâtait, sa note, la caressait, s’en gargarisait avec délices.
Ensuite ce fut le tour de d’Argenton. Celui-là cassait son sucre méthodiquement, froidement, par petits coups implacables et secs. Les directeurs de théâtres, les libraires, les auteurs, le public, tout le monde eut sa part ; et pendant que Charlotte, aidée du petit Jack, surveillait les apprêts du café, ils étaient là tous les trois, les coudes sur la table, devant cet admirable soir d’été, à baver voluptueusement comme des boas, pour digérer.
L’apparition du docteur Rivals acheva d’animer la séance. Ravi de trouver nombreuse et joyeuse société, l’excellent homme prit place à la table.
— Vous voyez bien, madame d’Argenton, qu’il ne fallait à notre malade que de la distraction.
Derrière leurs lunettes bombées, les yeux du docteur Hirsch flamboyèrent.
— Je ne suis pas de votre avis, docteur, dit-il très