Page:Daudet - Jack, I.djvu/309

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mener ? Eh bien ! je te déclare que j’ai assez de toi, affreux petit parasite, et que si tu ne veux pas travailler, moi je renonce à être plus longtemps ta dupe.

Il s’arrêta subitement, et passant de la colère folle à cette froideur qui était sa ligne de conduite :

— Montez dans votre chambre, lui dit-il. Je verrai ce que j’ai à faire.

— Ce que vous avez à faire, mon cher d’Argenton, moi je vais vous le dire…

Mais Jack n’entendit pas la fin de la phrase de M. Rivals ; un geste de d’Argenton l’avait poussé dehors.

Dans sa chambre, le bruit de la discussion lui arriva comme les parties variées d’un grand orchestre. Il distinguait les voix, les reconnaissait toutes ; mais elles entraient les unes dans les autres, unies par leur résonnance, et cela faisait un tapage discord sur lequel des lambeaux de phrases seuls surnageaient :

— Vous en avez menti.

— Messieurs !… messieurs !…

— La vie n’est pas un roman.

— Bourgeron sacré, beûh ! beûh !

Enfin la voix de tonnerre du vieux Rivals retentit sur le seuil :

— Que je sois pendu, si je remets jamais les pieds chez vous.

Puis la porte se referma violemment, et la salle à