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Page:Daudet - Jack, I.djvu/315

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Ah ! la mère Salé put bien le menacer de loin, courir sur ses talons, le vieux Jack ne la craignait plus, et se sentait de force à lui porter son fagot. Mais il avait le plus grand chagrin de ne pouvoir aller chez les Rivals faire ses adieux à Cécile.

— Vois-tu, mon Jack, après la scène que ces messieurs ont eue ensemble, ce ne serait pas convenable, répétait Charlotte à toutes les supplications de son fils.

Enfin, la veille du départ, dans la joie mauvaise de son triomphe, d’Argenton consentit à ce que l’enfant allât prendre congé de ses amis. Il arriva chez eux le soir. Personne dans le vestibule. Personne dans la pharmacie, dont les persiennes étaient closes. Rien qu’un filet de lumière venant de la bibliothèque, ce qu’on appelait la bibliothèque, un immense grenier encombré de dictionnaires, d’atlas, d’ouvrages de médecine et de grands volumes à dos rouge de la collection Panckouke.

Le docteur était là, très occupé à faire une caisse de livres.

— Ah ! te voilà, dit-il à l’enfant, j’étais bien sûr que tu ne partirais pas sans me dire adieu. Ils ne voulaient pas te laisser venir, hein ? C’est un peu ma faute aussi. J’ai été trop vif. Ma femme m’a joliment grondé… À propos, tu sais qu’elle est partie hier avec la petite. Je les ai envoyées dans les Pyrénées passer un mois chez ma sœur. Elle était un peu malade, la