Page:Daudet - Jack, II.djvu/146

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— Ah ça ! maintenant que te voilà installé dans le pays, j’espère bien que nous allons te voir plus souvent. C’est indispensable d’abord. Ils t’envoient dans les bois, comme un cheval au vert ; mais cela ne suffit pas. Tu as besoin de soins, de grands soins, surtout dans la saison où nous entrons. Étiolles n’est pas Nice, que diable !… Tu sais comme tu te plaisais à la maison autrefois. Elle est toujours la même. Il n’y a que ma pauvre femme qui manque à l’appel. Elle est morte, il y a quatre ans, de chagrin, de découragement, car depuis notre malheur elle ne s’était jamais bien relevée. Heureusement que j’avais la « petite » pour la remplacer, sans cela je ne sais pas ce que je serais devenu. Cécile tient les livres, la pharmacie. C’est elle qui va être contente de te voir… Allons, quand viendras-tu ?

Jack hésitait avant de répondre. Comme s’il eût compris sa pensée, M. Rivals ajouta en riant :

— Tu sais, devant la petite tu n’as pas besoin d’arriver avec ton livret pour être sûr d’être bien accueilli… Je ne lui ai jamais parlé de rien, pas plus qu’à la maman. Elles t’aimaient trop. Cela leur aurait fait trop de peine… Il n’y a jamais eu l’ombre d’un mauvais sentiment entre vous… Ainsi donc tu peux te présenter sans crainte. Voyons, il fait trop frais pour que tu viennes dîner avec nous aujourd’hui. Le brouillard ne te vaut rien. Mais je compte sur toi pour déjeuner demain matin. Toujours comme de ton temps. On