Page:Daudet - Jack, II.djvu/96

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genton tenaient toujours une grande place dans les épanchements de sa patiente victime. Jack avait appris ainsi que la Fille de Faust terminée, lue aux comédiens du Théâtre-Français, ces drôles avaient eu l’audace de la refuser à l’unanimité et s’étaient en revanche attirés un mot bien cruel. Une grande nouvelle encore, la réconciliation avec les Moronval, admis dorénavant à la table de « parva domus, » où ils amenaient le dimanche des petits « pays chauds » de toutes les couleurs qui effrayaient fort la mère Archambauld.

Moronval, Mâdou, le Gymnase, comme tout cela était loin de lui, plus loin qu’il n’y avait de distance entre Indret et le passage des Douze-Maisons, plus loin qu’il n’y avait d’années entre ce passé fantastique et ce présent si lugubre. Le Jack de ce temps-là lui faisait l’effet d’un Jack d’une race supérieure et plus fine, qui n’avait rien laissé de ses cheveux blonds, de son grain de peau rosé et doux, à ce grand diable, tanné, efflanqué, aux pommettes rouges, au dos voûté aux épaules hautes si maigres sous sa blouse.

Ainsi se trouvaient justifiées les paroles de M. Rivals : « Ce sont les différences sociales qui font les grandes séparations. »

Encore une tristesse pour Jack, le souvenir de ces Rivals. Malgré les observations de d’Argenton, il a gardé dans son cœur une reconnaissance infinie à cet excellent homme, une amitié tendre pour la petite