Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/149

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reste, voleurs, menteurs, paillards et lâches, de vrais paysans de Seine-et-Oise, se contentant de cacher leurs vices et les gardant très précieusement.

Ce qui distingue Petit-Port, ce village de la Réforme si curieusement surgi de ses cendres après trois cents ans, des autres fondations protestantes dans le rayon de Paris, des écoles de Versailles, de Jouy-en-Josas, des colonies agricoles d’Essonne, du Plessis-Mornay, c’est qu’au lieu d’être soutenu par des collectes de tous les Réformes de France, d’Angleterre, d’Amérique, il ne relève que de la caisse des Autheman dont il est la chose, la propriété, et peut se soustraire à tout autre contrôle.

Jeanne Autheman reste le pontife en chef, l’influence occulte au-dessus de l’activité d’Anne de Beuil. Pendant ses huit mois de séjour, on ne la voit guère dans le pays. Le matin, elle entretient la volumineuse correspondance que nécessite l’œuvre des Dames Évangélistes, l’ŒUVRE, comme elle et les siens l’appellent, reçoit les catéchumènes, puis s’enferme l’après-midi à « la retraite », ce pavillon isolé au milieu du parc, qui donne lieu à tant de mystérieux commentaires.