Aller au contenu

Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la petite Fanny l’entourait de ses deux bras serrés avec confiance, lui disait un « bonsoir, maman, » dont l’intonation gentille réconciliait pendant une minute la pauvre Éline avec l’idée de son mariage.

Une après-midi que Mme Ebsen était seule à la maison, à faire des comptes, il lui arriva une visite si imprévue, si extraordinaire, que le nez de la bonne dame en laissa glisser ses lunettes de surprise… Mme Autheman chez elle !… Elle aurait voulu écarter les murs de l’antichambre, faire un passage digne de sa fortune à la femme du grand banquier. Heureusement que le salon était, comme toujours, bien en ordre, les persiennes tirées, les cuivres de la console étincelants, les fauteuils à leur place, sous leurs beaux dossiers de guipure. Mais, elle-même, à quoi ressemblait-elle avec cette vieille robe de maison, ce bonnet fatigué ? Mon Tieu ! mon Tieu !… Et Linette qui n’était pas rentrée.

« Nous nous passerons d’elle… » dit Mme Autheman dont le calme sourire faisait avec l’agitation de la Danoise, un contraste aussi frappant que le luxe discret et vraiment