Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/187

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« Vous aimez beaucoup votre enfant, Madame ? » dit-elle d’un ton grave.

« Oui, beaucoup… » répondit la mère, gagnée à son insu par l’accent sérieux et profond de cette étrange demande… « je n’ai que ma fille au monde. Nous ne nous sommes jamais quittées. Jamais nous ne nous quitterons.

– Pourtant elle se marie…

– Oh ! mais nous resterons toujours ensemble. Ç’a été la première condition. »

Elles arrivaient sur le palier.

« On m’a dit que ce M. Lorie n’était pas de la véritable église… » fit Mme Autheman en prenant la rampe, et sans paraître attacher autrement d’importance à sa question. La maman, qui descendait derrière elle, fut un peu embarrassée pour répondre, connaissant la dame. Effectivement, M. Lorie n’était pas… Mais le mariage se ferait au temple. Oh ! Éline y avait tenu.

« Je vous salue, Madame… » dit la femme du banquier d’une voix brusque ; et lorsque Mme Ebsen arriva sur la porte, tout essoufflée, son bonnet au vent, le coupé partait au grand trot, lui enlevant la joie vaniteuse de mettre sa belle visite en voiture devant toute la rueémerveillée