Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/224

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Sur le perron plein de soleil, où les pèlerines font des ombres dures, Anne de Beuil arrête sa maîtresse au passage :

« Baraquin est là.

– Parle-lui… Je n’ai pas le temps… » puis tout bas avec un petit rire muet « Elle est sauvée… » et Mme Autheman s’éloigne au bras d’Éline, pendant que son acolyte questionne le vieux marinier qui s’est levé du banc où il attendait, son bonnet d’une main, grattant de l’autre son crâne dur, humide et rond comme une pierre du bord de l’eau.

« Baraquin, pourquoi ne venez-vous plus aux assemblées ?… »

– J’vas vous dire… »

Il suit d’un œil de regret la jupe noire disparue à un tournant d’allée, sachant qu’il aurait plus facilement raison de l’Évangéliste que de ce vieux loup en bonnet de linge.

« … Ben sûr qu’elle en vaut une autre, la religion de Mme Autheman et qu’y a pas un curé pour dire sa messe aussi dret qu’elle… Mais quèque vous voulez ? Ça fait au vieux des raisons avec ses enfants qui sont d’un endrouet pus loin, qu’y a pas de culte… Y le tirent vers leux église,