Aller au contenu

Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Elle y sera pour moi… comtesse d’Arlot… Je n’ai qu’un mot à dire… »

Il y eut des coups de timbre assourdis dans les tentures, un va-et-vient discret et stylé, et presque aussitôt, à l’étonnement de la valetaille, l’ordre d’introduire la visiteuse qui n’était pourtant pas de l’intimité. Dans le salon du premier étage, où Mme d’Arlot attendit quelques minutes, un grand feu doux brûlait sous une haute glace sans tain encadrant le parc Monceau, ses pelouses anglaises, ses rocailles, le petit temple grelottant dans le ciel noir, au nu des arbres dépouillés ; paysage d’hiver parisien dont la tristesse rendait plus pénétrant l’intérieur fleuri, étincelant de laques, de cuivres, de craquelés, d’une quantité de bibelots et d’étoffes bigarrées comme une palette, des paravents bas près des fenêtres, des sièges qui se groupaient autour de la cheminée, espacés pour la causerie.

Léonie, en regardant ce salon d’une Parisienne à la mode, se rappelait le temps où elle recevait, elle aussi, avec la coquetterie de son jour et de sa maison, avant l’abandon, le funeste « à quoi bon ? » découragé qui emportait sa vie : le mari