Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/358

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est-elle grande, une après-midi de juin, de le voit quitter son bureau dès les signatures de trois heures : « Je monte… » dit-il en passant devant les garçons… « Quand Pierre attellera, qu’on me prévienne.

– Monsieur n’est pas malade ? »

Non, Monsieur n’est pas plus malade que les autres jours. Lentement, avec le geste préoccupé qui tâte et tourmente l’enflure de sa joue, il monte le large escalier dont les échos de vieille église lui renvoient son pas traînant et découragé, entre dans l’appartement que ses persiennes closes, l’absence de tapis et de tentures font encore plus vaste et solennel, traverse le parloir aux réunions de prières, tous ses bancs empilés le long des murs chargés d’inscriptions bibliques, puis le bureau tapissé de cartons verts bien en ordre, le salon pompeux, garni de meubles du premier empire, la taille remontée dans leurs housses comme les robes de ce temps-là, et s’arrête enfin à une haute porte de moulures sévères.

La chambre de sa femme !…

Depuis quatre ans, cette porte s’est fermée sur un bonheur qu’on lui refuse obstinément.