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Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/377

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victime de la vocation !… Puis ces nouvelles données, timidement, en post-scriptum, Lorie-Dufresne ajoutait :

« Vous avez retrouvé votre enfant. Je pense que dans cette immense joie qui vous arrive, s’il y en avait un peu pour moi, vous me l’auriez écrit. Mais je veux bien que vous sachiez, que vous lui disiez que mon cœur à moi n’a pas changé, et que les petits n’ont toujours pas de mère. »

Voici, dans son ingénuité tendre et les tournures étrangères de sa phrase, la réponse de Mme Ebsen :

« Lorie, mon ami, c’est mon enfant et ça n’est plus mon enfant. Douce et soumise, prête à tout ce qu’on veut, mais froide, détachée, comme s’il y aurait quelque chose de brisé en elle. C’est son cœur, voyez-vous, qui ne va plus. Quelquefois je la prends, je la tiens à brasse-corps contre moi pour la réchauffer. Je lui crie : « Mais je n’ai que toi, mon enfant chérie… Et qu’est-ce que c’est que la vie, si on ne s’aime plus ? » Elle ne répond pas, ou elle me dit qu’il faut nous aimer en Dieu et que le salut de nos âmes est la seule affaire. Elle ne s’occupe pas d’autre