Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/118

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mais l’Institut prime tout, et la place même des convives précise l’intention du dîner. Le grand-duc, assis en face de la maîtresse de maison, a Madame Astier à sa droite, à sa gauche la comtesse de Foder, femme du premier secrétaire de l’ambassade finlandaise, faisant fonction d’ambassadeur. La droite de la duchesse est occupée par Léonard Astier, la gauche par Monseigneur Adriani, nonce du Pape ; puis suivent et s’alternent le baron Huchenard pour les Inscriptions et Belles-Lettres, Mourad-Bey ambassadeur de Turquie, le chimiste Delpech de l’Académie des Sciences, le ministre de Belgique, le musicien Landry de l’Académie des beaux-arts, Danjou, l’auteur dramatique, un des cabotins de Picheral, enfin le prince d’Athis, qui, par son double titre de ministre plénipotentiaire et de membre de l’Académie des sciences morales et politiques, donne bien la note à deux teintes du salon. En bout de table, le général aide de camp de Son Altesse, le jeune garde-noble comte Adriani, neveu du Nonce, et Lavaux, l’indispensable, l’homme de toutes les fêtes.

Le féminin manque d’agrément. Rousse et vive, toute menue, engoncée de dentelles jusqu’au bout de son petit nez pointu, la comtesse de Foder a l’air d’un écureuil enrhumé. La baronne Huchenard, moustachue, sans âge, donne l’impression d’un vieux monsieur décolleté, très gras. Madame As-