Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/237

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verbal, la correction du docteur Aubouis s’offrant à rester près de son confrère, la correction du prince parti dans la calèche et laissant à Paul Astier pour le reconduire chez lui sa voiture, très douce, à un cheval, qui pourrait venir jusqu’à la porte du petit logement. Oh ! tout à fait correct.

« Est-il embêtant avec sa correction ! » fit Védrine surprenant la grimace que Paul n’avait pu retenir.

« … une chose vraiment bien extraordinaire… » murmura le jeune homme, d’une voix vague qui songeait. Ainsi, ce serait lui et non pas l’autre, dont la pâle figure sanglante apparaîtrait à côté du médecin derrière la vitre du coupé revenant au pas. Ah ! pour un coup raté… Il se dressa brusquement, malgré l’injonction du docteur, écrivit très vite sur une de ses cartes, d’un crayon mal guidé : « Le sort est aussi traître que les hommes. J’ai voulu vous venger… Je n’ai pas pu. Pardon… » signa, relut, réfléchit, relut encore, puis, l’enveloppe fermée, une horrible enveloppe à fleurs d’épicerie de campagne, trouvée dans la poussière de la commode, il mit dessus : « Duchesse Padovani, » et pria Freydet de la porter lui-même le plus tôt possible.

« Ce sera fait dans une heure, mon cher Paul. »

Il dit « merci… à revoir… » de la main, s’allongea, ferma les yeux, resta muet et sans bouger