bonheur, s’absorber dans l’idée unique, et ne trouvait rien pour distraire ses invités que l’invariable visite aux verveux, au château de Ronsard, à l’orphelinat, toujours contente lorsque sa main touchait la main de Paul, que le hasard des voitures ou des bateaux les rapprochait l’un de l’autre.
Dans une de ces fastidieuses promenades sur la Loire, un jour que la flottille de Mousseaux, ses tendelets de soie, ses pavillons aux armes ducales en clairs reflets papillotants, avait poussé plus loin que d’habitude. Paul Astier, dont l’embarcation précédait celle de sa maîtresse, assis à l’arrière près de Laniboire, écoutait les confidences de l’académicien. Autorisé à prolonger son séjour à Mousseaux jusqu’à l’achèvement de son rapport, le vieux fou ne s’imaginait-il pas que sa cour était en bon chemin pour la succession de Samy, et, comme il arrive toujours en pareil cas, c’est à Paul qu’il racontait ses espérances, ce qu’il avait dit, ce qu’on lui répondait, et ci, et ça, et : « Jeune homme, que feriez-vous à ma place ? » Un appel clair et sonore vibra sur l’eau, venu de la barque qui suivait.
« Monsieur Astier !…
— Duchesse ?
— Voyez donc, là-bas, dans les roseaux… On dirait Védrine. »