Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/75

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morales et politiques. Il y a encore un quatrième salon en formation, celui de Mme Eviza, une juive aux joues pleines, aux longs yeux étroits, et qui flirte avec tout l’Institut, dont elle porte les couleurs, des broderies vertes sur sa veste printanière et son petit chapeau aux ailes de caducée. Oh ! mais un flirt jusqu’à l’inconvenance… Je l’entendais dire à Danjou, qu’elle invitait :

« Chez Mme Ancelin c’est : ici l’on dîne. Chez moi : ici l’on aime.

— Il me faut les deux… logé et nourri, » répondait froidement Danjou, que je crois un parfait cynique, sous son masque dur, immobile, sa toison noire et drue de pâtre du Latium. Belle diseuse, Mme Eviza, d’une érudition imperturbable, citant au vieux baron Huchenard des phrases entières de ses Habitants des Cavernes discutant le poète Shelley avec un tout jeunet critique de revue, correcte-