Page:Daudet - La Belle-Nivernaise, 1886.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nom d’Allah et frotter les reins du petit homme avec tous les merisiers de sa boutique, rien n’y fit. L’enfant s’entêtait à dire : « Je veux être paresseux… je veux être paresseux », et toujours on le trouvait étendu dans quelque coin.

De guerre lasse, et après avoir consulté le greffier Ali, le père prit un parti :

— Écoute, dit-il à son fils, puisque tu veux être paresseux à toute force, je vais te conduire chez Lakdar. Il te passera un examen, et si tu as réellement des dispositions pour son métier, je le prierai de te garder chez lui, en apprentissage.

— Ceci me va, répondit l’enfant.

Et, pas plus tard que le lendemain, ils s’en allèrent tous les deux, parfumés de verveine et la tête rasée de frais, trouver le paresseux dans son petit jardin.