Page:Daudet - La Belle-Nivernaise, 1886.djvu/242

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huit heures moins cinq, il est debout dans sa chaire, sa grosse canne à côté de lui, et malheur aux retardataires ! Aussi il faut entendre les sabots se dépêcher dans la petite cour, et les voix essoufflées crier dès la porte : « Présent ! »

C’est qu’il n’y a pas d’excuses avec ce terrible Prussien. Il n’y a pas à dire : « J’ai aidé ma mère à porter le linge au lavoir… Le père m’a emmené au marché avec lui. » M. Klotz ne veut rien entendre. On dirait que pour ce misérable étranger nous n’avons ni maison ni famille, que nous sommes venus au monde écoliers, nos livres sous le bras, tout exprès pour apprendre l’allemand et recevoir des coups de trique. Ah ! j’en ai reçu ma bonne part dans le commencement. Notre scierie est si loin de l’école, et il fait jour si tard en hiver ! À la fin, comme je revenais toujours le soir avec des marques rouges sur les doigts, sur le dos, partout, le père s’est décidé à