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Le père Louveau gouverna si droit, et l’Équipage manœuvra si juste, que, douze jours après son départ de Paris, la Belle-Nivernaise, ayant remonté le fleuve et les canaux, vint s’amarrer au pont de Corbigny pour dormir en paix son sommeil d’hiver.

De décembre à la fin de février les mariniers ne naviguent pas.

Ils radoubent leurs bateaux et parcourent les forêts pour acheter sur pied les coupes de printemps.


Image 06 - Chapitre III
Image 06 - Chapitre III


Comme le bois n’est pas cher, on brûle beau feu dans les cabines, et, si la vente d’automne a bien réussi, ce temps de chômage est un repos joyeux.

On disposa la Belle-Nivernaise pour l’hivernage, c’est-à-dire que l’on décrocha le gouvernail, que l’on cacha le mât de fortune dans l’entrepont et que toute la place resta libre pour jouer et pour courir sur le tillac.

Quel changement de vie pour l’enfant trouvé !

Pendant tout le voyage il était demeuré abasourdi, effarouché.