Page:Daudet - La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire, 1895.djvu/130

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Que se passa-t-il entre le ministre et ces deux malheureux ? On peut le deviner en constatant qu’en dépit d’une complicité qui ne pouvait plus être niée ils échappèrent à la peine capitale. Il est vraisemblable qu’ils fournirent les preuves de la culpabilité de Canchy, de Mauduisson et de Gaudin. Il existe aux Archives une lettre de Mme Lacroix, écrite par elle au ministre de la Police, le 29 janvier 1808, et qui révèle le caractère et la portée du service qu’elle avait rendu. Cette lettre est ainsi conçue : « Monseigneur, je me trouve obligée de renouveler à Votre Excellence la demande d’un instant d’audience et de la renouveler avec la plus vive instance. Forcée de voir des amis de M. Clément de Ris, je n’ose souvent répondre à toutes les questions qui me sont faites sur cette malheureuse affaire. Ne pouvant éviter de me trouver bientôt avec M. Clément de Ris lui-même, je désirerais vous entretenir avant cette entrevue, que je ne puis ni refuser ni accepter avant de savoir vos intentions. Je prie Votre Excellence de me les faire savoir et de me tirer de l’incertitude où je suis sur la conduite que je dois tenir avec les différentes personnes avec lesquelles je suis obligée de me trouver. »


IV

L’arrestation des époux Lacroix en entraîna plusieurs autres. Le marquis de Canchy et le comte de Mauduisson furent pris chez eux, bien qu’ils protestassent avec énergie de leur innocence. On découvrit Gaudin à Caen, où il vivait caché. Tous trois furent conduits à Paris et incarcérés au Temple. Il y eut en outre des mandats